avec les Rangers
#8
Recenser les Rock WallabIes
Durant mon séjour dans l’incroyable région des Whitsundays, j’ai rencontré quelques collègues rangers et eu l’occasion de participer à une mission particulièrement importante. Deux jours pour recenser la population d’une espèce en danger, les Proserpine Rock Wallaby. Avant de vous en dire plus sur cette expédition, j’aimerais vous présenter ces petites bêtes à poil.
Qui sont-ils?
Tout d’abord, les Proserpine rock wallaby ne vivent que dans les Whitsundays (Proserpine est d’ailleurs le nom d’une petite ville de la région) et sont malheureusement classés espèces en danger par l’IUCN depuis 2008.
En français, on les appelle les Pétrogales. Ce mot provient de deux racines grecques : petro, « pierre » et galén : « belette », soient des « belettes des rochers » ! On dit encore wallabies des rochers. Moi j’aime bien rock wallaby.
Ils mesurent environ 60 cm de haut et pèsent jusqu’à 10 kg. Ils sont adorables avec leur fourrure dans les teintes marron et leur petite tête. A noter leur longue queue, disproportionnée par rapport au reste de leur corps.
Airlie Beach
Pourquoi sont-ils en danger ?
En fait comme leur nom l’indique (en anglais “rock” = pierre), ils ne peuvent vivre que où il y a des pierres et dans les sous-bois des forêts de la région. Cette dépendance à un environnement précis est leur plus grosse faiblesse…La destruction, modification et fragmentation de leur habitat (construction humaine, déforestation etc) ont conduit à la réduction de l’espèce.
Ces petits wallabies sont aussi bien vulnérables,
au vu des nombreuses menaces auxquelles
ils sont confrontés :
-Ecrasés par les voitures, lorsqu’ils veulent traverser les routes
-Chassés par les chiens, qui sont leur plus gros prédateur. D’ailleurs, un wallaby peut tout simplement mourir de stress lorsqu’il est pris en chasse
-Les maladies comme la toxoplasmose, transmise par les chats
-La consommation de plantes toxiques introduites par les humains dans leur habitat
Le rôle des rangers, le but de leur étude
Une fois par an, cette étude est menée dans la région, afin d’estimer le nombre d’individus, de connaître la composition de la population (proportion de mâles, femelles, âge etc). Les rangers collectent de précieuses informations sur les animaux et cela leur permet de surveiller la bonne évolution de l’espèce.
Je rejoins donc les rangers pour cette mission spéciale. Nous partons en fin d’après-midi pour Mont Lucas, dans la forêt environnante d’Airlie Beach, c’est là qu’une population de Rock wallaby vit et cohabite, au côté de quelques maisons. Pour l’instant, la première étape est d’installer des pièges à wallaby. Equipés d’une dizaine de cages, nous partons dans les sous-bois à la recherche d’endroits stratégiques.
Barry, le ranger en charge de l’opération, me montre comment installer un piège. Une fois trouvé un terrain stable pour la cage, nous disposons comme appât, de la luzerne au fond de cette dernière. Il est temps pour nous de partir et de laisser les wallabies s’approcher… attirer par l’odeur d’un diner gratuit !
Barry me promet que demain, il y aura des gourmands dans les cages !
Au petit matin, nous revenons sur les lieux pour procéder à la capture des animaux. Dix des onze pièges sont en effet fermés, bonne “récolte” plaisante Barry. Les choses sérieuses commencent…Barry et ses deux acolytes approchent tranquillement et sans bruit la première cage. Les wallabies sont des bêtes anxieuses et mieux vaut ne pas les affoler. Le seul bruit des pas suffit à mettre en alerte l’animal à l’intérieur du piège…
J’observe attentivement la capture. Un des rangers ouvre avec précaution la cage, attrape le wallaby par la queue, le tient fermement le bras tendu et le tend à son collègue qui tient un grand sac en toile de jute grand ouvert.
1-2-3 le wallaby est mis dans le sac, qui est ensuite fermé et attaché, au calme et à l’ombre d’un arbre. Cela peut paraitre un peu violent, mais en fait les wallabies sont des marsupiaux, ils sont donc habitués à être dans une poche noir (durant leurs premiers mois). Cette technique permet de les manipuler sans danger, ils peuvent se calmer une fois dans le sac. Pendant ce temps-là, nous partons vider les autres cages.
Une fois tous les pièges vidés, nous récupérons tous les sacs en jute et partons étudier chaque wallaby. Installés à l’arrière du 4X4, nous sortons tout le matériel: trousse à pharmacie, machine à pucer, balance, mètre etc. Chaque animal est manipulé avec précaution et sans bruit. Ils sont pesés, mesurés de la tête aux pattes et pucés électroniquement. Cette puce permettra de reconnaitre l’animal l’année prochaine s’il est de nouveau capturé.
Les rangers sont contents, la population est en augmentation et les individus sont en bonne santé.
Barry se rend compte qu’après avoir capturé l’animal d’une des cages, celle-ci bouge encore…Il s’approche et découvre un petit bébé! Il m’explique que cela peut arriver. Lorsque les mères sont stressées, elles ne contrôlent plus leur poche, les nerfs de celle-ci lâchent et du coup leur progéniture est expulsée…Heureusement que nous l’avons remarqué, nous le récupérons et le plaçons avec sa maman dans le sac.
Plus d'infos sur les rock wallabies
Le meilleur moment pour la fin, nous procédons à leur relâche. Je porte un sac et vais le disposer sur le sol, doucement je l’ouvre d’une main pendant que je retiens de l’autre le corps du wallaby (sinon il sauterait précipitamment sans regarder autour de lui). Une fois qu’il a repéré les lieux, qu’il sait où il doit bondir, je le relâche, en moins de deux secondes, il est déjà bien loin ! Magique moment :-)
Quelle superbe expérience!
Incroyable d’avoir pu m’approcher de si près de ces petites bêtes à poil.
Publié le 09 Novembre 2013